Robert Riblet : l’homme qui lève le voile sur les loteries publiques au Canada

Jeudi, 6 juin 2013

Il y a des hommes comme ça qui sont prêts à mener un combat perpétuel contre ce qui va à l’encontre de leurs idéaux. Robert Riblet, un ancien ingénieur, est l’un d’entre eux. Depuis 2007, ce dernier lutte sans merci contre l’opérateur public de loterie de sa province, un organisme historique des jeux de hasard au Canada qui réalise des milliards de dollars canadiens de chiffre d’affaires annuel. Robert Riblet a en effet attaqué en justice cet opérateur pour escroquerie, publicité mensongère et tromperie.

L’opérateur public accusé de faire du profit sur des billets perdants

En 2001, Robert Riblet est confortablement installé dans un café de la région de la Capitale-Nationale, au Québec. Alors qu’il est en train de prendre l’apéritif avec un groupe de policiers, un adepte des jeux de hasard gratte méticuleusement une liasse de billets de l’opérateur public. Très vite, quelque chose attise la curiosité de l’ancien lauréat d’un concours d’invention canadien : le joueur, qui a explosé de joie après avoir gratté une jolie somme sur l’un des billets, remet immédiatement le reste des tickets au barman. Il apprendra plus tard que ces derniers ont été remis en vente.

« […] La présidence de la direction générale de la consommation et de la répression des fraudes est tout à fait sur la même longueur d’onde que Robert Riblet : les gains des jeux de la FdJ ne sont pas conditionnés par le hasard. »

Robert Riblet était lui aussi un grand fan des jeux de grattage. En plus d’avoir mené d’importantes investigations sur le sujet et d’avoir parcouru le pays en quête de témoignages, l’ex-ingénieur avoue avoir dépensé plus de 33 000 $ CA aux jeux de hasard. Mais selon lui, les titres appartenant à la gamme de billets à gratter de l’opérateur public nuisent à l’intégrité du jeu. Sur cinquante tickets mis en vente, seulement un est relativement gagnant. Tous les autres sont perdants. Avec les jeux de grattage de cet opérateur, on ne peut donc pas parler d’égalité des chances ou de conditions de jeu équitables. D’ailleurs, affirme-t-il, même au sein des autorités de protection du consommateur, certains considèreraient que les gains de ces jeux ne sont pas conditionnés par le hasard.

Une conduite douteuse mais véritablement légale ?

Des analystes indépendants ont décortiqué les ficelles d’un jeu de grattage populaire de l’opérateur public, un jeu à gratter populaire. Le règlement du jeu indique clairement que les lots distribués aux parieurs sont répartis sur la voie du hasard. Sauf qu’en réalité, selon les accusations, les logiciels de l’opérateur feraient en sorte que les prix soient décernés de façon totalement homogène. Interrogée à ce sujet dès 2007, la société d’État n’aurait pas contredit ce principe, selon des comptes rendus de l’époque. D’après sa direction, la répartition « régionale » des gagnants n’est pas illicite, l’encadrement réglementaire en vigueur depuis le début des années 2000 autorisant un hasard total ou partiel.

Malgré tout cela, l’opérateur public peut être sûr que Robert Riblet n’abandonnera pas ses poursuites. Ironie du sort, il affirme même être sur le point de remporter son procès !