Robert Riblet : l’homme qui lève le voile sur la Française des Jeux

Jeudi, 6 Juin 2013

Il y a des hommes comme ça qui sont prêts à mener un combat perpétuel contre ce qui va à l’encontre de leurs idéaux. Robert Riblet, un ancien ingénieur, est l’un d’entre eux. Depuis 2007, ce dernier lutte sans merci contre la Française des Jeux, l’opérateur historique de jeux de hasard français qui réalise autour de 12 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel. Robert Riblet a en effet attaqué en justice la FdJ pour escroquerie, publicité mensongère et tromperie.

La Française des Jeux fait du profit sur des billets perdants

En 2001, Robert Riblet est confortablement installé dans un café de la région Picardie. Alors qu’il est entrain de prendre l’apéritif avec un groupe de gendarmes, un adepte des jeux de hasard gratte méticuleusement une liasse de cartes de la Française des Jeux. Très vite, quelque chose attise la curiosité de l’ancien lauréat du concours Lépine : le joueur, qui a explosé de joie après avoir gratté une jolie somme sur l’un des billets, remet immédiatement le reste des tickets au barman. Il apprendra plus tard que ces derniers ont été remis en vente.

« […] La présidence de la direction générale de la consommation et de la répression des fraudes est tout à fait sur la même longueur d’onde que Robert Riblet : les gains des jeux de la FdJ ne sont pas conditionnés par le hasard. »

Robert Riblet était lui aussi un grand fan des jeux de grattage. En plus d’avoir mené d’importantes investigations sur le sujet et avoir parcouru la France en quête de témoignages,l’ex-ingénieur avoue avoir dépensé plus de 33 000€ aux jeux de hasard. Mais selon lui, les titres appartenant à la gamme Illico de la Française des Jeux nuisent à l’intégrité du jeu. Sur cinquante tickets mis en vente, seulement un est relativement gagnant. Tous les autres sont perdants. Aux jeux de grattage de la FdJ, on ne peut donc pas parler d’égalité des chances ou de conditions de jeu équitables. D’ailleurs, la présidence de la direction générale de la consommation et de la répression des fraudes est tout à fait sur la même longueur d’onde que Robert Riblet : les gains des jeux de la FdJ ne sont pas conditionnés par le hasard.

Une conduite douteuse mais véritablement légale ?

Les agents de la répression des fraudes ont décortiqué les ficelles du jeu de grattage Vegas de la FdJ. Le règlement du jeu indique clairement que les lots distribués aux parieurs sont répartis sur la voie du hasard. Sauf qu’en réalité, les logiciels de l’opérateur font en sorte que les prix soient décernés de façon totalement homogène. M. Christophe Blanchard-Dignac, le directeur de la FdJ, n’avait d’ailleurs pas contredit cette remarque lorsqu’on l’avait questionné à ce sujet en 2007. D’après le PDG de l’entreprise publique, la répartition « géographique » des gagnants n’est pas illicite puisqu’une loi a été promulguée en 2002 et stipule que le hasard peut être de nature totale ou partielle.

Malgré tout cela, la Française des Jeux peut être sûre que Robert Riblet n’abandonnera pas ses poursuites. Ironie du sort, ce dernier est même sur le point de remporter son procès !