Depuis l’été dernier- le mois de juillet plus exactement, la nouvelle version du billet à gratter Bingo lancée par Loto‑Québec ne facilite pas la tâche des détaillants. Non seulement de nombreux joueurs ont du mal à cerner les règles de ce jeu, mais d’autres n’hésitent pas à faire entendre leur mécontentement. Par ailleurs, les propriétaires de dépanneurs, de tabagies et de comptoirs de presse se plaignent eux-mêmes de la marge trop faible qu’ils encaissent lors de la revente des billets à gratter de Loto‑Québec.
Bingo, un jeu si mal pensé ?
Ils sont nombreux les mécontents dans l’histoire. Une association de détaillants en loterie fait entendre sa voix depuis le 5 juillet 2012; elle a exigé de nombreuses séances de négociation avec Loto‑Québec afin d’obtenir gain de cause. Il faut dire que le billet à gratter intitulé Bingo, lancé l’été dernier, est, pour plusieurs, un vrai désastre. « C’est pas Loto‑Québec qui se bat derrière les comptoirs des dépanneurs. Nous, on est à l’écoute du client lorsqu’il ne comprend pas les règles du jeu. C’est nous qui faisons la communication! Mais on y perd du temps et de l’argent! », rétorque Marcel, un détaillant de l’Estrie.
« Les plaignants se lamentent de la complexité de ce nouveau jeu, un paradoxe lorsqu’on sait que les cartes de grattage représentent l’essence même de la simplicité. »
Les plaignants se lamentent de la complexité de ce nouveau jeu, un paradoxe lorsqu’on sait que les billets à gratter représentent l’essence même de la simplicité. Avec ces jeux instantanés, il suffit simplement de gratter: soit on gagne, soit on perd! N’est-ce pas? Eh bien non! Le jeu Bingo requiert un certain nombre de manipulations sur écrans tactiles, des techniques que plusieurs détaillants ont du mal à transmettre à leurs clients, notamment les personnes âgées. L’association de détaillants sait pertinemment qu’elle ne parviendra pas à retirer le jeu du marché, mais rien ne l’empêche de le boycotter. « C’est un moyen de pression que nous envisageons », admet le président de l’organisme.
Un problème évident de rémunération
Les revendications des détaillants tirent leur source d’un autre problème. Apparemment, ces derniers se plaindraient des marges qu’ils effectuent sur la revente des billets à gratter de Loto‑Québec, pas suffisantes à leurs yeux. Une contestation que Loto‑Québec a visiblement du mal à comprendre. En réalité, selon la répartition évoquée, 65% de l’argent mis en jeu serait retourné aux joueurs, 25% entrerait dans les coffres du gouvernement du Québec, 5% irait aux détaillants alors que Loto‑Québec ne toucherait que 5% du pactole. Toutefois, on a du mal à voir comment une telle proportion pourrait effectivement revenir aux joueurs pour des billets à gratter qui n’offrent que 100 lots sur 10 000 billets!
Qui a donc raison dans cette histoire? Les détaillants affirment que les clients sont mécontents et ne saisissent pas totalement les règles du jeu Bingo, des propos que Loto‑Québec réfute sans hésitation. Toute cette affaire semble sentir sérieusement le roussi…